Cela fait 10 ans que je suis en couple avec Anthony. 10 années d’amour, de complicité, de rire. Mais aussi 10 années pendant lesquelles un désaccord aurait pu tout foutre en l’air. Je n’ai jamais désiré être mère, je ne le désire pas et ne le désirerai jamais. Bref, je suis childfree. Anthony a toujours voulu des enfants, il n’en aura jamais avec moi.

Une personne childfree est une personne qui n’a pas d’enfants par choix.

Pourquoi avons-nous choisi d’être ensemble malgré tout ? Comment notre couple a-t-il réussi à évoluer ? De quoi sera fait notre avenir ? Je vous livre aujourd’hui mon témoignage, en toute sincérité.

Notre histoire est unique, et je ne prétends pas donner de solutions miracles. Mais si vous êtes dans le même cas que nous, j’espère que notre expérience pourra vous aider, ne serait-ce qu’à vous sentir moins seul.es.

Il était une fois deux enfants

Le moins qu’on puisse dire, c’est que notre rencontre est loin d’être banale.

C’était en 2008. J’allais avoir 17 ans, lui 18. Mon père venait de prendre sa mère pour épouse. C’est au mariage de nos parents que nous nous sommes vus pour la première fois. Ce fut un coup de foudre, d’un côté comme de l’autre. Et évidemment, la question de la parentalité ne se posait pas puisque nous n’étions encore que des enfants.

Nous n’avons pas grandi ensemble, alors même si les liens du mariage nous réunissaient, nous n’avions pas du tout ce sentiment d’être frère et sœur. Aujourd’hui, sa mère et mon père ne sont plus ensemble.

Les débuts de notre relation ont été tumultueux (on s’est mis ensemble, il m’a quitté, on s’est remis ensemble, on s’est quitté). Il faut dire que nous étions jeunes et cons. Anthony a été mon premier chagrin d’amour alors pendant 2 ans, j’ai refusé tout contact avec lui même si sa mère ne pouvait pas s’empêcher de me donner de ses nouvelles. J’ai appris bien plus tard que pendant ces deux années, lui voulait tout savoir de moi.

En 2012, je découvre que je souffre de la maladie de Crohn. Apprenant cela, Anthony me contacte pour prendre de mes nouvelles et cette fois je décide de lui répondre (la maturité 😄).

On se revoit, les papillons dans le ventre sont toujours bien là. Et si on retentait le coup ?

temoignage childfree en couple

7 ans de bonheur ou presque

Le 17 mai 2013, Anthony et moi nous nous remettions donc ensemble après deux ans de séparation. Il avait 23 ans, j’en avais 22. Ma vie active allait bientôt débuter puisque j’étais dans ma première année de Master à Reims (Champagne-Ardenne). Lui, travaillait depuis ses 15 ans comme boulanger (il avait déjà l’expérience de la vie) et vivait à Orange (PACA). 680 km nous séparaient.

Lorsque nous avons fait le choix de retenter le coup, j’ai posé deux conditions :

  1. Vivre à Paris. C’est là-bas que je trouverai mon stage et du travail.
  2. Accepter de ne pas avoir d’enfant. A cette époque, je ne savais pas que j’étais childfree, mais je sentais déjà que je n’avais pas spécialement de désir.

Anthony accepta mes conditions. En 2014, nous emménagions à Paris.

Pendant 3 ans et demi, notre vie c’était « métro-boulot-dodo ». Mais nous nous aimions, nous étions heureux ensemble. Il n’y avait qu’une seule ombre au tableau, et vous devinez laquelle.

Lors de notre première vraie dispute, nous remettions la question des enfants sur la table. C’est là qu’on a compris qu’une seule chose pourrait nous séparer : cette différence de désir.

J’étais jeune et je ne savais pas où j’en étais. Je me disais qu’il était possible qu’un jour je change d’avis. Après tout, c’était déjà arrivé à plein de femmes. En tout cas, j’avais envie d’y croire.

Anthony gardera cet espoir en tête pendant de longues années. Mais vous l’aurez compris, ce déclic ne viendra jamais.

Au fond de moi, j’espérais voir naître ce désir d’enfant, pour lui. Mais un évènement m’a fait réaliser que je suis bel et bien childfree.

childfree par choix temoignage

La grossesse non désirée

En 2020, nous vivons à Montpellier et je tombe accidentellement enceinte. Et je me rends à l’évidence. Cette grossesse, c’est du concret et dès que je l’apprends, je m’effondre. Je m’effondre car j’ai peur, je m’effondre parce que je sais. Je vais anéantir les espoirs d’Anthony.

Il entend ma détresse et comprend tout de suite que je ne poursuivrai pas cette grossesse. Il reste fort pour me soutenir et ne cherche pas à me faire changer d’avis. Comme à son habitude, il fait des blagues pour cacher ce qu’il ressent. Ça me brise le cœur.

Je me sens coupable, je me sens anormale. Comment le destin a-t-il pu permettre que l’on tombe amoureux ?

Mon IVG a été un soulagement. La grossesse qui a duré 2 semaines, un enfer. Un enfer qui a laissé des traces. Me voilà plus que jamais terrorisée à l’idée de tomber de nouveau enceinte.

iconecoeurMon témoignage sur l’IVG

Je décide alors de suivre une thérapie pour comprendre pourquoi je ne veux pas d’enfant. Ce travail, je le fais par amour pour Anthony. Je creuse, ça ne fait pas forcément du bien, mais c’est essentiel.

Au fil des séances, de nombreuses angoisses se révèlent (le corps qui change, l’accouchement, le changement climatique, la haine ambiante, l’éducation, etc.). Comme pour tant d’autres femmes. Mais la différence, c’est que quand on a un réel désir, on peut prendre le risque d’affronter ces angoisses. Sans désir, il n’y a aucune raison de le prendre.

Cette fois, c’est sûr, je ne veux pas être mère, jamais.

Comment lui dire ? Dois-je le quitter ?

Le jour où il a renoncé à être père

Avec Anthony, tout a toujours été très fluide. Nous n’avons pas de problème de communication.

Je n’attends donc pas trop longtemps pour lui dire que désormais je sais. Je lui dis que si son désir est plus fort que tout, je ne lui en voudrai pas de me quitter, mais que je ne ferai jamais un enfant pour le garder.

Il me dit qu’il m’aime. Qu’il ne veut pas un enfant. Il veut un enfant de moi. Je lui dis que ça n’arrivera surement jamais. À lui de savoir s’il est prêt à renoncer à devenir père.

Il n’est pas prêt. Je l’aime et lui accorde encore 5 ans avant de faire une ligature des trompes, au cas où.

Mais rien ne me fera changer d’avis. Pas même la naissance de la fille de ma meilleure amie pour laquelle je suis complètement gaga. Me voir avec un bébé dans les bras, je le sais, pour lui c’est difficile. Parce qu’il se projette encore plus.

Mais il commence à comprendre que le déclic tant attendu ne viendra jamais. Il commence à réfléchir à l’origine de son désir d’enfant (une question que trop peu de personnes se pose mais que l’on pose beaucoup trop aux personnes childfree). Il commence à s’imaginer notre vie future à deux.

Il y a quelques mois, il renonce. Il m’annonce qu’il a fait le deuil de la paternité. Que notre amour, l’un pour l’autre, lui suffit. Qu’il a hâte que l’on profite des années à venir ensemble.

Je l’aime encore plus.

temoignage couple childfree

Le dénouement aurait pu être tout autre. Nous aurions pu mettre fin à notre histoire tant de fois. Mais nous n’avons jamais douté de notre amour. Et notre amour a été suffisant. Il ne l’est pas toujours pour construire une relation. Nous ne savons pas ce que nous réserve l’avenir mais nous pouvons ouvrir un nouveau chapitre, l’esprit tranquille.

Je vais bientôt entamer les démarches pour la ligature des trompes. Une nouvelle étape dans ma vie dont je serai comme toujours ravie de vous parler. Parce que partager les expériences, les doutes, les guérisons, c’est pour moi essentiel !

Merci de m’avoir lue ❤️

Pour en savoir plus sur le sujet, je vous conseille le livre Je ne veux pas d’enfant de Bettina Zourli (collaboration commerciale non rémunérée : lien affilié).


Si ce témoignage vous a touché, n’hésitez pas à le partager autour de vous. On peut aussi se retrouver en commentaire si vous souhaitez me dire quelques mots ou partager, vous aussi, votre expérience !

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