La précarité en France

Qu’est-ce qu’on entend par précarité ?

La précarité, c’est l’absence d’assurance d’avoir une vie stable dans la durée et dans l’avenir. Quand on parle de vie stable, on parle avant tout de sécurité financière, mais aussi sociale. Les personnes en situation de précarité souffrent de conditions de vie indécentes, d’un appauvrissement des interactions sociales voire d’un isolement et dans le pire des cas de violences physiques et psychologiques.

Généralement, on différencie la précarité de la pauvreté grâce à un ensemble d’indicateurs qui permettent de définir si les ressources jugées essentielles dépassent ou non le seuil acceptable (minimum vital). Malheureusement, ce seuil est relatif, il peut évoluer selon le pays, la ville, la société, l’époque… Et peu importe la situation (fragilité ou insuffisance des ressources essentielles), la finalité reste la même : une personne, qu’elle soit en situation de précarité ou de pauvreté, ne peut répondre à ses besoins fondamentaux, ses choix sont alors dictés par la survie.

Ce qui est certain, en revanche, c’est que les situations de grande précarité sont majoritairement liées à un indicateur : l’argent. En effet, dans une société capitaliste, l’argent – et donc le travail – est globalement le seul moyen de répondre à ses besoins fondamentaux (logement, nourriture, habillement). Des besoins, qui, quand ils sont plus qu’insuffisants, entraînent de graves conséquences sur la santé (physique et psychologique) et la sécurité.

Source : rapport « Grande pauvreté et précarité économique et sociale » de Joseph Wresinski (1987)

Qui sont les personnes en situation de précarité et de pauvreté ?

En France, les catégories de personnes considérées comme pauvres ou précaires sont les suivantes :

  • celles qui ont des revenus inférieurs à 60% du niveau de vie médian, soit moins de 1 063 euros (ensemble des revenus par mois après impôts et prestations sociales divisé par le nombre d’unité de consommation du foyer).
  • celles qui sont au chômage
  • celles qui sont bénéficiaires du RSA
  • celles qui sont titulaires d’un contrat emploi solidarité
  • celles qui sont sans domicile fixe
  • celles qui sont âgées de 16 à 25 ans et exclues du milieu scolaire
  • celles qui sont engagées dans un processus d’insertion professionnelle

Source : « Arrêté du 20 juillet 1992 relatif aux examens périodiques de santé » (Légifrance)

Selon ces indicateurs, l’INSEE a estimé qu’en 2018, 14,7% (9,3 millions) de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté. Mais depuis la crise sanitaire, ce nombre a grimpé en flèches. En effet, selon différents rapports (nombre de demandes du RSA, sollicitations de l’aide du Secours Populaire, etc.), le nombre de personnes en situation de pauvreté pourrait largement dépasser les 10 millions. Alors même que les plus riches continuent de s’enrichir. En effet, selon le rapport de l’ONG Oxfam France de janvier 2021 « les 1000 personnes les plus riches du monde ont retrouvé leur niveau de richesses d’avant la pandémie en seulement neuf mois alors qu’il pourrait falloir plus de dix ans aux personnes les plus pauvres pour se relever des impacts économiques ».

Les indicateurs de pauvreté sont multiples et ont leurs avantages et leurs inconvénients. C’est pourquoi il est difficile de rendre compte de l’évolution (augmentation ou diminution) du nombre de personnes en situation de pauvreté et de précarité. En revanche, on constate que sur les 40 dernières années, le « visage » de la pauvreté/précarité a complètement changé.

« Autrefois, le pauvre était âgé, issu d’une famille nombreuse, et habitait dans une zone rurale. Aujourd’hui, il est jeune – on devrait dire elle est jeune -, vient d’une famille monoparentale, demeure en zone urbaine et ne parvient pas à s’insérer sur le marché du travail. D’où la pertinence de ne plus seulement raisonner en termes de pauvreté, mais aussi de précarité et de vulnérabilité, insistant davantage sur les risques que sur les situations. »

« Pauvreté et précarité en chiffres » (Les Cahiers français, 2016)
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Qui sont les plus impactés par la précarité en France ?

Avec 62% de personnes sans domicile fixe qui sont des hommes cisgenres, on pourrait croire qu’ils sont davantage touchés par la précarité. Cependant, comme nous l’avons vu plus haut, la précarité et la pauvreté ne concernent pas uniquement les personnes vivant dans la rue.

70% des pauvres qui travaillent sont des travailleuses

Sans oublier que les femmes et la communauté LGBTQIA+ sont bien plus impacté.e.xs par les conséquences de cette situation, car iels subissent déjà les discriminations liées à leur genre ou leur sexualité (problèmes de santé, transphobie/homophobie, violences sexuelles, féminicides).

1,7 millions de personnes menstruées en France manquent de protections intimes

Parmi ces personnes, certaines sont dans une situation d’urgence, c’est le cas des personnes migrantes et sans papiers, ainsi que des travailleur.se.x.s du sexe, qui subissent de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire.

1 femme réfugiée d’Afrique subsaharienne sur 5 victime de violences sexuelles après sa migration en France

Les enfants et les étudiant.e.x.s ne sont pas en reste, car comme nous l’avons vu plus haut, le visage de la précarité est jeune, et les chiffres avancés par l’INSEE en 2018 sur la pauvreté et l’enquête de 2020 de la FAGE, l’ANESF et l’AFEP en témoignent.

3 millions d’enfants en situation de pauvreté

Heureusement, quelques bonnes nouvelles arrivent, notamment en ce qui concerne la précarité menstruelle. En effet, le gouvernement français a annoncé la mise en place de distributeurs gratuits de protections intimes dans les établissement d’études supérieures pour la rentrée 2021.

Comment expliquer cette inégalité entre les hommes cis et les femmes/personnes LGBT ?

  • L’image de la femme véhiculée dans les médias est contrôlée par les hommes et stéréotypée dès l’enfance. Les femmes comme les personnes de la communauté LGBT subissent énormément le sexisme, harcèlement, les agressions et viols. Chaque année, environ 220.000 femmes ont été victimes de violences de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. En 2018, une enquête de l’institut Ifop a révélé que 12% des personnes interrogées ont été victimes d’un ou plusieurs viols au cours de leur vie et que 43% avaient déjà subi des agressions sexuelles.
  • Les personnes dotées d’organes génitaux dits « féminins » sont plus souvent confrontées aux problèmes de santé, et notamment aux problèmes gynécologiques (précarité menstruelle, endométriose, cancer du sein, cancer du col de l’utérus, etc.).
  • Les femmes sont sous-représentées dans de nombreux domaines (sport, politique) et c’est encore plus vrai pour les personnes LGBT. Leur parole et leur expertise ne sont généralement ni prises en compte, ni prises au sérieux.
  • L’accès à certaines filières d’éducation (STAPS, ingénierie, numérique) est le plus souvent réservé aux hommes et ils sont d’ailleurs majoritaires dans les grandes écoles. Cela se répercute évidemment sur le marché du travail puisque les postes de direction leur sont largement réservés (42,7% des femmes sont salariées contre 12,6% d’hommes). De plus, un tiers des femmes et personnes LGBT travaillent en temps partiel.
  • L’écart de salaire entre les hommes et les femmes/personnes LGBT est considérable. A compétences égales, les hommes gagnent plus. En tenant compte de ces écarts de salaire, on a considéré qu’en 2020 les femmes ont travaillé symboliquement gratuitement du 4 novembre au 31 décembre.
  • L’écart de pension de retraite est également très important puisque les femmes touchent 42% de moins que les hommes.
  • La monoparentalité (qui est intimement lié à la précarité) concerne davantage les femmes (les femmes qui élèvent seules leurs enfants représentent 85% des familles monoparentales).
  • La charge mentale dans le foyer au sein d’un couple hétérosexuel incombe le plus souvent à la femme (tâches domestiques, gestion des enfants, organisation, etc.).

Sources : « La précarité des femmes en chiffres » (Maison des femmes, 2019), « Les violences sexuelles envers les femmes immigrées d’Afrique subsaharienne après la migration en France » (INED, 2020), « Vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes – chiffres clés (Ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances – 2019), Panorama retraite (DREES – 2019), « Les chiffres de référence sur les violences faites aux femmes » (Arrêtons les violences – 2019), « Viols et violences sexistes : un problème majeur de santé publique » (Fondation Jean Jaurès – 2018), « [Communiqué de presse] Lancement association « Les Femmes Invisibles » (Le Mouvement – 2019)

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Les Femmes Invisibles, association caritative de Montpellier

L’association Les Femmes Invisibles a été créée en janvier 2019 par Imad Attamimi, Nelly Lacince et Pascale Neyron. Bouleversé.es par le film Les Invisibles de Louis-Julien Petit sorti en 2018 avec Corinne Masiero (ancienne femme SDF), les trois ami.es décident de prendre part à la lutte en fondant leur propre association à Montpellier. En Mars 2020, Gaëlle Zibel rejoint l’équipe et prend finalement le poste de présidente en décembre.

L’association Les Femmes Invisibles a commencé à se faire connaître grâce à la campagne de crowdfunding organisée par la fondation Les Petites Pierres. Mais c’est surtout sur les réseaux sociaux que l’association fait parler d’elle, en publiant régulièrement des informations sur la précarité, et des posts sur les distributions de kits régulières organisées par les bénévoles.

Pas à pas, l’association a réussi à se faire connaître de tou.te.x.s, et compte aujourd’hui parmi ses partenaires, des associations et organismes très importants à Montpellier : CORUS (foyer d’hébergement d’urgence), Association Humanitaire de Montpellier (distribution alimentaire aux sans-abris), CABAN (centre action bénévole accueil de nuit) et La Table d’Anouk (distribution alimentaire – repas fait-maison à partager).

La mission de l’association

L’association n’est composée que de bénévoles (une vingtaine de bénévoles actifs et 50 adhérents), qui œuvrent chaque mois pour répondre aux besoins primaires des femmes précaires. Concrètement, l’association récolte des produits d’hygiène afin de créer des kits qu’iels pourront ensuite distribuer avec d’autres associations ou lors de maraudes. 3 fois par mois, les bénévoles arpentent le centre ville de Montpellier à la recherche de femmes sans abri pour leur donner ces kits. Entre ces maraudes et les distributions organisées avec d’autres associations, c’est pas moins d’une centaine de femmes en situation de précarité que l’association aide chaque mois.

En côtoyant ces femmes, en prenant le temps de les écouter, l’association s’est vite rendu compte que la priorité pour elles, c’était la sécurité. Addiction, agressions, viols, les femmes sans abri, et même en hébergement d’accueil, vivent des situations très difficiles.

Une femme à la rue, c’est de la viande

Commentaire d’un homme SDF à la présidente de l’association

L’association les Femmes Invisibles fait donc tout son possible pour apporter son soutien et orienter ces femmes pour qu’elles soient prises en charge rapidement. En ce sens, elle a prévu une restructuration de l’association, mais aussi de renforcer le comité de recrutement pour les distributions, et de se former afin de gérer au mieux l’insertion de ces femmes. Elle prévoit également d’ouvrir un accueil de jour pour les femmes que les bénévoles rencontrent pendant les maraudes.

Les Femmes Invisibles ne manquent pas de faire remonter les chiffres et les problématiques à la ville de Montpellier, afin que des mesures soient prises pour lutter contre la précarité. Une rencontre entre l’association et le préfet est d’ailleurs prévue dans les mois à venir. Heureusement, d’après Gaëlle (présidente de l’association) les choses bougent et Montpellier a récemment répondu à un appel à projet pour les femmes enceintes à la rue, et a prévu de créer un 4ème accueil de jour pour les familles.

Comme toute association caritative, Les Femmes Invisibles manque cruellement de ressources. C’est pourquoi, je vous invite à vous connecter sur leur site pour devenir bénévole ou pour faire un don.

comment constituer un kit hygienique de premiere necessite

Comment constituer un kit de produits de première nécessité ?

C’est la question que je me suis posée lorsque j’ai décidé de faire un gros panier chez Mademoiselle Bio, avec les bons d’achats gagnés grâce à vos commandes. Je voulais évidemment constituer un panier avec des produits safe et écologiques. Mais il fallait trouver le juste milieu entre produits essentiels, produits zéro déchet et produits saisonniers. Il est question ici de constituer un kit de produits non alimentaires.

Le kit de produits de première nécessité idéal

  • Protections menstruelles jetables. On mise sur des protections comme les serviettes et protège-slip plutôt que les cup et culottes menstruelles qui ne sont pas du tout adaptées à la vie des personnes précaires, notamment celles qui vivent dans la rue. On évite également les tampons, qui, portés plus de 5-6 heures deviennent dangereux pour la santé. Néanmoins, les protections réutilisables peuvent être une solution pour les étudiant.e.x.s en précarité.
  • Coton-tige jetable ou réutilisable. Il est en effet possible de donner des coton-tige lavables comme l’oriculi qui ne demande pas un nettoyage spécifique et peut donc être utilisé et réutilisé n’importe où.
  • Brosse à dents sans tête interchangeable. Inutile de vous dire que les brosses à dents à tête interchangeable ne sont pas appropriées pour une personne vivant une situation de précarité. Vous pouvez néanmoins opter pour une brosse à dents en bois, qui sera biodégradable, plutôt qu’une brosse à dents en plastique.
  • Dentifrice. N’hésitez pas à varier les types de dentifrices car certaines personnes ont des besoins spécifiques (sensibilité dentaire, saignement des gencives, etc.).
  • Shampoing liquide ou sec. Privilégiez un shampoing liquide naturel plutôt que solide, car les shampoings zéro déchet contiennent malheureusement beaucoup de tensio-actifs qui peuvent conduire à des démangeaisons. Vous pouvez aussi ajouter des shampoings secs, plus pratiques pour les personnes qui n’ont pas de point d’eau. Pensez à choisir un shampoing plutôt neutre (sans parfum, sans huile essentielle) pour éviter toute allergie ou danger.
  • Gel douche et savon solide. Peu importe le format (normal ou familial), ce qui compte c’est de choisir un gel douche ou un savon solide le plus neutre (un savon sans savon, hypoallergénique, sans parfum, sans alcool, sans huile essentielle, etc.).
  • Gel intime. Pour tout ce qui touche à cette zone, je vous recommande vraiment d’opter pour des produits naturels et neutres.
  • Serviettes intimes. On n’y pense pas toujours, mais de nombreuses personnes précaires n’ont pas d’accès à l’eau. Pour ces personnes, les serviettes intimes sont donc une solution.
  • Déodorant. Pour que ce soit plus pratique, choisissez des déodorants simples d’utilisation (pas de pots de crème réutilisables) et privilégiez ceux qui ne polluent pas trop l’environnement (à bille, roll-on, stick).
  • Coton démaquillant à usage unique. Une fois de plus, on oublie les cotons réutilisables qui demandent de l’entretien, et on opte pour des disques démaquillants jetables.
  • Mouchoirs à usage unique. Question de santé avant tout, on privilégie les mouchoirs jetables (sans parfum pour éviter les irritations).
  • Préservatifs. Les personnes en précarité sont malheureusement plus exposées. Il est primordial de leur fournir de quoi se protéger.
  • Couches pour bébé jetables. De nombreuses personnes précaires ont des enfants en bas-âge et le prix des couches est réellement exorbitant.
  • Papier toilette jetable. Pour une question d’hygiène et de santé, vous pouvez opter pour du papier toilette jetable (évidemment) et de préférence sans colorant et sans parfum. Il est possible d’acheter des rouleaux de papier toilette en vrac (à Day by Day par exemple).
  • Masques chirurgicaux et gel hydroalcoolique. Avec la situation sanitaire actuelle, ces produits sont toujours les bienvenus dans un kit.
  • Protections pour les personnes souffrant d’incontinence. Certaines associations distribuent également des dons aux seniors. Vous pouvez donc ajouter à votre kit ce type de protections contre les fuites urinaires.
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Les petits plus auxquels on ne pense pas forcément

  • Maquillage
  • Miroir
  • Pinces à cheveux
  • Brosse à cheveux
  • Lampe de poche

Les produits à ajouter en fonction des saisons

  • Crème solaire
  • Anti-moustique
  • Casquette
  • Bonnet
  • Echarpe
  • Baume à lèvres
  • Crème pour les mains

N’hésitez pas, vous aussi, à constituer ces kits et à les distribuer à des associations ou directement à des personnes dans le besoin que vous croisez. J’en profite pour vous remercier de penser à utiliser mon code promo Mademoiselle Bio (-10% avec le code WHATWHAT) et de passer par mon lien affilié pour vos commandes car cela me permet de faire des dons réguliers et ponctuels à diverses associations.


Merci d’avoir pris le temps de lire cet article sur la précarité. Je vous invite, si vous le pouvez, à faire des dons à des associations de votre coin. Vous pouvez aussi liker ♡ cet article, le commenter et le partager sur vos réseaux préférés pour apporter de la visibilité à la lutte !

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