Cuisine zéro déchet, le guide complet

Pourquoi passer au zéro déchet dans la cuisine ?

A mon sens, la cuisine, c’est un peu le cœur du foyer ! Il faut dire qu’on y passe pas mal de temps (surtout les femmes), que ce soit pour élaborer les menus, faire l’inventaire des placards ou encore cuisiner de bons petits plats.

Pourtant, ce n’est pas de recettes dont nous allons parlé dans cet article, mais plutôt de quoi sont faits nos déchets de cuisine ! Ce n’est pas très ragoutant, je l’avoue, mais les poubelles font partie intégrantes de notre quotidien, et c’est dans la cuisine qu’on en retrouve le plus.

En France, une personne produit en moyenne 465 kg de déchets ménagers par an – ADEME (2019)

*L’enquête de l’ADEME a révélé qu’un.e Français.e produit environ 582,3 kg de DMA par an. Les DMA, ce sont les déchets ménagers et assimilés, c’est-à-dire l’ensemble des ordures ménagères résiduelles (hors matériaux recyclables et déchets verts), des déchets provenant des collectes séparées (comme le papier ou le verre) ainsi que des déchets collectés en déchèterie. Les déchets ménagers (DM), c’est-à-dire nos propres poubelles de cuisine, représentent environ 80% des DMA. Les 10% restant sont composés des déchets de petites entreprises ou d’administrations collectés en même temps que les déchets ménagers.

Que retrouve-t-on dans nos poubelles ?

Le contenu de nos poubelles n’a pratiquement pas changé depuis 10 ans. On retrouve environ 33% de déchets putrescibles (matières organiques), 23% de plastiques, verre et métaux, 17% de textiles et textiles sanitaires, 15% de papiers et cartons et 12% d’autres déchets.

Même si le tri est aujourd’hui majoritairement adopté par les familles, il n’est pas toujours un réflexe. Cela peut s’expliquer par le manque de moyens mis en place (biodéchets notamment) ou encore la difficulté à suivre les consignes de tri (carton/plastique). En effet, ces règles qui visent pourtant à simplifier le tri n’ont (à mon sens) pas été assez expliquées à la population qui se retrouve alors découragée. Sans oublier l’absence de mention ou les logos confus sur les emballages qui ne nous permettent pas de savoir clairement s’ils sont recyclables ou non.

Bref, il n’est pas étonnant que l’on finisse par choisir la facilité aka la poubelle grise d’ordures ménagères.

➔ Depuis 2020, la loi anti gaspillage a rendu obligatoire (et unique) le logo Triman sur les produits ménagers recyclables. De plus, les mentions de tri ont été simplifiées et sont désormais signalées sur les emballages (vous avez surement dû les voir passer).

➔ Dès le 1er janvier 2024, le tri des déchets biodégradables sera obligatoire. Les collectivités territoriales seront chargées de mettre à disposition de quoi faire ce tri et de collecter ces biodéchets.

L’impact de nos déchets ménagers sur l’environnement

Poubelle d’ordures ménagères ou poubelles de tri, le problème reste le même : les déchets. Or, on le sait bien, « le meilleur déchet est celui qui n’existe pas » (Béa Johnson).

Une fois collectés, nos déchets ne vont malheureusement pas disparaître comme par magie. Certains seront recyclés ou dans le meilleur des cas compostés ou transformés en biogaz. Mais cela ne représente que 47% de nos déchets ménagers. La majorité finissent en réalité incinérés ou stockés dans des décharges, on les appelles les « déchets ultimes ». Et de toute façon, quel que soit le type de traitement de nos déchets, il y a toujours un impact négatif.

• La valorisation matière (le recyclage) n’est pas la solution écologique miraculeuse qu’on pourrait croire. Tout d’abord, de nombreux produits dans notre bac de tri se voient refuser l’entrée dans les centres de recyclage (à cause de leur état ou parce que leur composition est plurielle et complexe). Pour ceux qui y accèdent, ils nécessiteront de nombreuses ressources pour être transformés : de l’énergie, de l’eau et parfois même des matières premières vierges (c’est le cas du plastique). Sans oublier que le recyclage à l’infini est tout simplement impossible !

• Le stockage (décharges), en plus de ne pas éliminer les déchets, pollue aussi bien l’air que les sols et les nappes phréatiques. De plus, il contribue au dérèglement climatique à cause du méthane généré par la dégradation des déchets. Pour rappel, certains déchets peuvent mettre des millions d’années à se désintégrer entièrement.

• L’incinération, même quand elle est valorisée pour produire de l’énergie, reste néfaste à cause des résidus (mâchefer) qu’elle produit mais aussi et surtout à cause de la fumée qu’elle génère. Les émanations d’incinération sont une source de pollution de l’air et peuvent donc avoir de lourdes conséquences sur la planète et sur la santé humaine.

Cuisine zéro déchet : par où commencer ?

Comprendre le mythe du zéro déchet

Le zéro déchet (zero waste) est un mouvement qui prône un mode de vie durable et comme son nom l’indique (ou presque), il se concentre avant tout sur la diminution de nos déchets. Et pour réduire nos poubelles, il existe plein d’astuces et plein d’alternatives que je vais vous présenter.

Mais avant de parler pratique, attardons-nous une minute sur la théorie !

Je voulais porter votre attention sur l’expression « zéro déchet » ou « zero waste ». Car bien qu’elle soit largement utilisée, elle n’est pas tout à fait correcte et pourrait vous induire en erreur. En effet, avoir un objectif de « zéro » déchet est tout bonnement inatteignable dans notre société actuelle. On devrait donc plutôt parler de réduction des déchets (slow waste).

En tant que personne, c’est vrai que nous avons la responsabilité de limiter nos déchets. Mais il faut avoir pleinement conscience qu’il est actuellement impossible de n’en produire aucun. J’en profite pour rappeler que le secteur de la construction est responsable à lui seul de 70% de la production totale des déchets en France. La transition écologique ne peut donc pas être uniquement individuelle.

Débuter le zéro déchet dans la cuisine de façon pragmatique

Pour tendre vers le zéro déchet, il ne sert à rien de se comparer à son voisin. Si vous voulez vraiment adopter des gestes zéro déchet sur le long terme, il faut regarder votre propre consommation, à commencer par votre poubelle !

3 étapes pour passer au zéro déchet dans la cuisine

1. Faites l’inventaire de vos poubelles sur plusieurs semaines. Vous pouvez noter quelque part les déchets qui reviennent le plus souvent et ceux que vous produisez en grande quantité. N’oubliez pas de noter les déchets qui viennent de l’extérieur. N’hésitez pas également à anticiper et noter les déchets que vous créez lors des évènements récurrents (anniversaires, Noël, soirée entre ami.es, etc.).
2. Une fois l’inventaire terminé, définissez vos priorités. Vous ne pourrez pas tout changer d’un coup, sinon vous risquez de vous sentir dépassé.e et vous finirez par abandonner. Le mieux est de commencer par ce qui vous demandera le moins de temps et le moins d’énergie.
3. À l’aide des astuces que je vais vous donner juste après, mettez en place quelques gestes zéro déchet faciles. Je vous conseille ensuite d’attendre que certaines pratiques soient rentrées dans vos habitudes avant de tenter d’en adopter d’autres.

➔ Vous ne vivez pas seul.e ? Sachez que vous ne pouvez pas porter tout le poids de la transition zéro déchet / écologique dans votre famille ! Il est très important de déculpabiliser par rapport à ça. Vous pouvez montrer l’exemple à votre partenaire, vos enfants, vos parents, mais s’ils n’y mettent pas du leur, il vous sera difficile de tenir la cadence. Quand le zéro déchet devient plus un stress qu’autre chose, il est essentiel de savoir lâcher un peu du lest. Sur ce sujet, je vous recommande le livre de Marie Duboin et Herveline Giraudeau : J’arrête le burn-out en cuisine ! 21 jours pour killer cette charge mentale et bien au-delà. Ces deux autrices sont d’ailleurs à l’origine de la méthode B.I.S.O.U !

4 conseils pour une cuisine zéro déchet

1. Adopter une consommation raisonnée

La déconsommation ou consommation raisonnée est essentielle quand on veut tendre vers un mode de vie plus écologique. La surconsommation, très présente depuis plusieurs années dans notre société, est une des causes de tous les déchets que nous produisons et du gaspillage de nombreuses ressources de la planète. Pour la freiner, il faut donc revoir globalement ses comportements. L’objectif est donc d’acheter moins, mais aussi d’acheter mieux et autrement.

Comment déconsommer concrètement en cuisine ?

• Ne garder que l’essentiel. Il est important de connaître ses possessions pour mieux s’en défaire. Vous pouvez effectuer un état des lieux de votre cuisine (ustensiles, vaisselle, robots culinaires, etc.) et réfléchir ensuite à ce dont vous avez réellement besoin.
• Faire durer ce qu’on a déjà. Pour éviter de jeter (cela vaut surtout pour les appareils de cuisine), il est évident qu’il faut en prendre soin. Pour cela, il faut bien les utiliser, les nettoyer régulièrement et les protéger des chocs.
• Réparer dès que possible. On jette à tort de nombreux appareils ou ustensiles de cuisine quand ils ont un problème, pour racheter du neuf. Pourtant, certains ne nécessitent qu’un petit tour chez le réparateur. Vous pouvez même régler certains soucis vous-même grâce à des tutos vidéos ou encore les Repair cafés basés sur l’entraide et la solidarité !
• Emprunter. Occasionnellement, il arrive qu’on ait besoin de certains ustensiles ou de certains appareils. Mais plutôt que de stocker un produit pour le sortir quelques fois par an, il est tout à fait possible de demander à son entourage de vous le prêter.
• Louer avant d’acheter. La location d’appareils se fait de plus en plus et a l’avantage de permettre de tester un produit pour être sûr de son choix avant de passer à l’achat. Certaines plateformes proposent même de louer des appareils reconditionnés comme Kazoo !
• Ne pas acheter sur un coup de tête. Si vous avez vraiment besoin d’un nouvel ustensile ou d’un appareil de cuisine, prenez le temps de réfléchir à votre achat avant de passer à l’acte. Mieux consommer, c’est aussi arrêter de consommer dans la précipitation.
• Privilégier la seconde main ou le reconditionné. Si vous devez passer par la case achat, l’occasion doit devenir votre nouveau réflexe. En plus d’être éco-friendly, acheter de seconde main est très économique ! Et aujourd’hui, le marché de l’occasion est accessible partout, que ce soit près de chez vous ou en ligne.
• Choisir des ustensiles et appareils durables. Que vous décidiez d’acheter d’occasion ou neuf, pensez à vous tourner vers des produits dans des matériaux résistants et écologiques comme l’inox, le verre, le bois, la fonte, etc.

2. En finir avec les produits à usage unique

Dans la cuisine, il y a plein d’accessoires et d’ustensiles que nous utilisons une seule fois avant de les mettre à la poubelle. Pourtant, il existe de nombreuses alternatives zéro déchet à ces produits. En plus, ces accessoires de cuisine réutilisables se trouvent très facilement et peuvent durer des dizaines d’années (si on en prend soin). De quoi faire pas mal d’économies !

10 accessoires réutilisables pour une cuisine zéro déchet

3. Réduire les emballages

Si vous avez jeté un œil à vos poubelles, vous avez dû vous rendre compte qu’un des déchets qu’on retrouve le plus souvent est le fameux emballage ! Qu’ils soient en plastique, en carton ou en métal, les emballages sont partout dans nos cuisines.

Pour une cuisine zéro déchet, il va donc falloir faire la chasse aux emballages primaires (en contact direct avec le produit) et aux emballages secondaires (en contact avec l’emballage primaire).

Quelques astuces pour réduire les emballages

• Passer au vrac. On trouve pratiquement tous les aliments en vrac désormais (légumineuses, fruits et légumes, biscuits, boissons, etc.). De nombreux magasins de vrac spécialisés ont d’ailleurs ouvert un peu partout dans les villes de France. Et vous pouvez aussi venir avec vos propres contenants dans certaines boutiques (à la boulangerie par exemple).
• Favoriser la consigne. Certaines enseignes ont décidé de proposer des emballages alimentaires consignés. Avec l’arrivée du plastique et du tout jetable, la consigne a vite été mise de côté, mais elle est de plus en plus remises au goût du jour.
• Privilégier le fait-maison. Pas de miracle pour éviter au maximum les emballages, il faut cuisiner maison. Et c’est encore plus vrai pour les plats préparés et les gâteaux qui sont suremballés.
• Choisir un gros conditionnement. Parfois, quand on consomme un produit régulièrement et en grande quantité, il vaut mieux opter pour un conditionnement plus important. Si par exemple, vous mangez de la compote de pommes tous les jours, plutôt que de prendre 6 pots, il vaut mieux acheter un gros bocal de compote.
• Cultiver ses propres aliments. Du potager à l’assiette, il n’y a pas mieux pour éviter les déchets inutiles ! Si vous n’avez pas de jardin, sachez qu’il existe des potagers d’intérieur. Si vous manquez de place, vous pouvez déjà faire pousser vos aromates.

4. Limiter le gaspillage alimentaire

Si les emballages occupent une place importante dans nos poubelles, ces dernières sont aussi composées de nombreuses matières organiques. Ces déchets verts normalement destinés à la consommation humaine sont jetés car dégradés, périmés ou tout simplement non consommés. C’est ce qu’on appelle le gaspillage alimentaire. En France, 10 millions de tonnes d’aliments sont gaspillées chaque année !

Aujourd’hui, pour éviter aux aliments non consommés de finir dans nos ordures ménagères, on peut les valoriser en les compostant. Mais avant d’en arriver là, il existe plusieurs solutions pour limiter le gaspillage.

Quelques astuces pour éviter le gaspillage alimentaire

• Établir les repas à l’avance. Le fait d’avoir une visibilité sur ce que vous allez préparer et manger, vous permettra de savoir exactement quoi mettre sur votre liste de courses.
• Faire une liste de courses. Pour éviter d’acheter des produits dont vous n’avez pas besoin, le mieux est de faire l’inventaire de vos placards et de rédiger ensuite une liste de courses. Personnellement, j’ai mis un post-it réutilisable dans ma cuisine et dès que je vois qu’un produit est terminé, je le note dessus. Au moment de faire ma liste de courses, il me suffit donc de regarder ce post-it !
• Faire ses courses pour 2 semaines seulement. Aller en courses est souvent une corvée et on a donc tendance à les faire 1 fois par mois pour être tranquille. Le problème, c’est que de nombreux aliments ne tiendront pas jusqu’à 3 ou 4 semaines et finiront pas être perdus.
• Acheter en vrac. L’avantage premier du vrac est de pouvoir acheter la quantité exacte dont vous avez besoin. Si vous avez établi vos repas à l’avance, vous devriez savoir exactement ce qu’il vous faut.
• Bien conserver ses aliments. Pour éviter la maturation prématurée de certains fruits et légumes, il est essentiel de savoir s’il faut les conserver au réfrigérateur ou à température ambiante. N’oubliez pas également de conserver les restes de repas dans des boîtes propres et hermétiques.
• Porter attention à la date limite de consommation. Les aliments périssables rapidement doivent être mangés en priorité. Dans votre réfrigérateur, pensez à mettre en avant les produits avec une DLC courte.
• Cuisiner l’ensemble d’un aliment. Cela vaut surtout pour les fruits et légumes dont de nombreuses parties sont comestibles (fanes, épluchures, tiges, etc.). Privilégiez le bio si possible, car les pesticides s’accumulent particulièrement sur la peau des fruits et légumes.
• Cuisiner les restes. Vous pouvez prévoir un jour dans la semaine pour manger les restes de vos repas ou les réutiliser dans d’autres recettes (quiches, gratins, etc.).
• Congeler le surplus. Si vous avez cuisiner en trop grande quantité, vous pouvez tout à fait congeler ce qu’il reste pour le manger plus tard.

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Alors, qui a envie de passer à une cuisine zéro déchet ?
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